Mignovillard

Dans la forêt

Fraîche odeur d’humus et senteurs résineuses, froissement des feuilles et souffle du vent dans les branches : la forêt est une atmosphère. Dans le massif du Jura elle est semée de hêtres et de frênes, mais surtout de conifères, dont les nuances d’un vert profond ourlent chaque contour du paysage. Sapins et épicéas aux silhouettes étagées ornent les berges des lacs jurassiens aux eaux turquoise, descendent sur les pentes des vallons et bordent les vives cascades, marquant la lisière des prairies et des pâturages. C’est par leur présence que les plateaux et vallées du pays du Comté acquièrent leur identité remarquable.

Composante incontournable du décor jurassien, l’épicéa imprègne également le Comté de ses accents boisés. En effet, au cours d’un affinage qui se déroule nécessairement sur des planches brutes de sciage, c’est un véritable dialogue qui se noue entre le bois et le fromage. Pendant 120 jours au minimum, la planche régule l’humidité nécessaire à la meule tandis que sa résine favorise le développement des bonnes bactéries. La main et le savoir-faire du maître affineur décident de la fin de ce compagnonnage, jusqu’à une maturité atteinte après parfois plus de 36 mois de soins réguliers.

Longtemps territoire de la nuit, des bandits et des loups, terre sauvage et lieu fantasmé de toutes les légendes, la forêt s’est muée en un havre de paix, refuge verdoyant et oasis de fraîcheur. Sous l’hospitalière canopée et pour ce repas aux accents sylvestres, la table du Temps du Comté s’enroule au fil d’un sentier ou d’une lumineuse clairière. La météo printanière décidera d’un potentiel refuge à l’endroit même où se façonne le lit boisé des fromages, au sein de la scierie Chauvin, productrice de planches d’épicéa à destination des affineurs de l’appellation. Cette date du 27 mai sera aussi l’occasion d’évoquer l’autre calendrier qui influence les activités de la terre, celui de la lune qui joua si longtemps un rôle déterminant dans la coupe du bois…